EXEMPLE GRAISSE ABDOMINALE ATHEROGÈNE

Marcel B. a 45 ans : il est terrorisé à l’idée de ressembler de plus en plus à son père, mort brutalement à 42 ans d’un infarctus du myocarde. Dans la famille de son père, tous meurent jeunes d’accident cardio-vasculaires.

Comme son père, il est devenu rougeaud avec un ventre de plus en plus important et s’endort après les repas.

Il a commencé par supprimer le vin au repas de midi car il avait remarqué que boire, même un peu, l’endormait encore plus et qu’il ne pouvait plus travailler l’après-midi. Mais si cela lui a permis d’être moins fatigué après le déjeuner, le poids quant à lui n’a pas cessé d’augmenter.

Il se souvient qu’il n’a jamais bien supporté l’alcool et qu’il a commencé à grossir à la fin de ses études, au moment ou il a cessé de pratiquer du tennis.

Il est alors passé rapidement de 75 à 85 kg. Il s’est marié, dans le même temps a commencé à voyager et à prendre ses repas au restaurant.

Invariablement, il devait, après le déjeuner, arrêter la voiture et dormir une demi-heure ou trois-quart d’heure.

Dix ans plus tard, âgé de 35 ans, son poids dépassait allègrement les 95 kg et c’est à ce moment-là, au cours d’une visite de routine, que son médecin a constaté l’existence d’une hypertention artérielle 170/110 mm Hg.  Et dans le bilan sanguin qui a suivi une hypertriglycéridémie à 5.20g par litre.

Le régime appauvri en graisse et le traitement hypolipémiant alors préscrits, ont été scrupuleusement suivis, mais n’ont eu aucun effet, ni sur le poids, ni sur la tension artérielle ni sur les taux des lipides sanguins. Tout au plus, perdait-il 3 kg la semaine en s’astraignant à une diète hypocalorique sévère, qu’il reprenait très rapidement s'il mangeait un peu plus normalement le week-end.

Quand Marcel est venu me consulter, son ventre était complètement arrondi, froid avec deux importantes masses graisseuses froides sur les flancs. Le pli cutané n’était pas très épais, son poids était de 99 kg, son tour de poitrine de 105 cm, son tour de taille de 110 cm et son tour de bassin de 100 cm. Il s’agissait donc typiquement d’une graisse abdominale athérogène héréditaire.

Son poids normal aurait dû être d’environ 80 kg et son tour de taille 90 cm. Je calculais qu’il devait perdre 38 cm de tour de taille et 19 kg environ.

Le bilan d’acides gras que j’ai fait pratiquer a montré une insuffisance de ses 3 oméga-3 ALA, EPA et DHA et un excès d’acide arachidonique AA, ce qui plaçait son rapport AA/EPA à 23.88 alors que la valeur normale de ce rapport doit être inférieure à 5 (ce rapport est un puissant indicateur du risque vasculaire), sa masse graisseuse mesurée par densitométrie s’élevait à 41.2 % du poids total et la graisse abdominale de la région androïde à 56.2 % (valeurs normales : 25 %).

Ces mauvais chiffres ont été amplifiés par le scanner multi-barettes qui permet la distinction entre la graisse superficielle et la graisse profonde et qui a mesuré 1330 cm3 de graisse péri-viscérale, soit 36 % de sa graisse abdominale.

J’ai conseillé à Marcel de déterminer son seuil de tolérance aux sucres en suivant une diète cétogène, tout en veillant bien à ce que ses apports de graisses soient équilibrés, en privilégiant surtout les bonnes graisses (oméga-3) par la consommation de poissons et de viandes riches en oméga-3, l’utilisation l'huile de colza et l’huile d’olive pour la cuisson, l’huile d’olive mélangée à l’huile de noix pour ses assaisonnements…

Je lui ai aussi prescris un traitement et des compléments micro-nutritionnels pour améliorer la régulation de son insuline et diminuer son insulino-résistance.

Enfin, je lui ai conseillé de marcher 30 minutes chaque jour et de consacrer 15 minutes à des exercices de stretching pour contribuer à optimiser ses régulations hormonales (insuline, hormone de croissance…).

Marcel s’est consciencieusement impliqué dans cette démarche qui l’a amusé par sa simplicité et, très rapidement, il a vu le volume de son ventre diminuer, il n’a plus été fatigué après les repas et a senti remonter en lui une énergie qu’il avait perdue depuis des années.
Le poids est redescendu progressivement, comme sa tension artérielle et son taux de triglycérides.

Aujourd’hui, Marcel B. pèse 80 kg avec un tour de taille à 90 cm. Il a retrouvé son poids de forme, et n’est plus inquiet pour sa santé, mais il a compris que cet équilibre retrouvé reposait sur un certain nombre de paramètres qu’il ne devrait jamais négliger :

- veiller à maintenir une alimentation à faible impact insulinique

- maintenir une activité physique régulière mais modérée pour conserver une bonne influence hormonale.

- reprendre un traitement insulino-régulateur dès réapparition d’une somnolence post-prandiale.