Rentrée = Kilos en plus ?

Lorsque le ventre grossit en vacances

Les vacances d’été représentent pour la majorité d’entre nous un espace de temps privilégié qui nous entraîne vers une modification radicale de nos habitudes de vie.

Nous laissons derrière nous, encore que, de moins en moins, les rythmes infernaux, du style métro-boulot-dodo.

Nous dormons davantage et récupérons notre déficit chronique de sommeil, nous faisons du sport ou, en tous cas, pratiquons des activités physiques qui nous détendent, nous prenons le temps de petit-déjeuner, de déjeuner et de dîner, nous nous exposons un peu plus à la lumière et au soleil et rechargeons ainsi notre corps en vitamine D, nous mangeons plus de fruits et de légumes…

 

Les vacances sont le temps béni de la grande réparation de notre organisme en vue de nous rendre plus forts pour affronter la rentrée, le froid, l’hiver, les virus …

Les vacances sont aussi le temps de se retrouver entre amis ou en famille, de se laisser aller à moins contrôler son alimentation, des apéritifs qui s’éternisent, des repas festifs à répétition…

 

Le retour des vacances est parfois le temps des bilans amers, avec des kilos supplémentaires.

 

Pour certains, il s’agit juste d’un épiphénomène : le retour à une alimentation normale et quelques précautions de bon sens suffiront à ramener le poids dans la belle stabilité qu’il affichait avant l’été, mais pour d’autres, beaucoup sans doute, les kilos excédentaires qui se sont invités pendant ces vacances donneront l’impression d’apprécier l’hôte qui les reçoit, et seront difficiles à déloger.

Il est facile, comme c’est habituel de le faire, de reprocher à tout le monde de mal manger et de ne pas assez bouger ! C’est d’autant plus absurde que le lifestyle du temps des vacances est plutôt nettement meilleur que celui du reste de l’année : moins de stress, plus de sommeil, plus de repos, plus de fruits et de légumes et beaucoup plus d’activité physique.

 

Alors comment expliquer que certains perdent du poids pendant leurs vacances alors que d’autres en gagnent ?

Y a-t-il, d’un coté, les vertueux, ceux qui mincissent, et de l’autre, les non vertueux, ceux qui grossissent ?

 

La réponse pourrait être la suivante :

L’allégation : grossir = gloutonnerie + paresse, est fausse : ces vacanciers qui rentrent avec des kilos supplémentaires malgré une meilleure qualité d’alimentation et davantage d’activité physique en sont la preuve.

 

Grossir, c’est augmenter sa masse graisseuse : il y a donc une perturbation des systèmes de régulation de la graisse, et en particulier du pancréas et des glandes surrénales. Le pancréas peut être facilement dérèglé par le mode de vie en vacances, tandis que les glandes surrénales plutôt mieux régulées.

 

Voici, en effet, ce que j’observe le plus souvent : les problèmes de graisse abdominale peuvent se classer en 2 catégories :

  • La graisse abdominale profonde :

La graisse se développe dans la profondeur de l’abdomen autour des artères et des organes : c’est la graisse viscérale, celle qu’on appelle maintenant le syndrome métabolique. Le ventre est plutôt arrondi, distendu, il y a peu de graisse sous la peau, tout est en profondeur. Les gens qui grossissent ainsi se sentent très gonflés dès la fin du repas et éprouvent une envie de dormir après manger. Cette graisse est due à un dérèglement du pancréas que n’arrive plus à synchroniser ses 2 hormones (insuline et glucagon) et qui est devenu hypersensible en sécrétant trop (et trop précocement et pendant trop longtemps) de l’insuline au moment du repas. L’excès d’insuline rend les muscles résistants à l’utilisation des sucres qui, du coup, servent à faire de la graisse.

La répétition des repas, la consommation d’un peu plus de desserts sucrés, de glaces et d’alcool perturbent d’une manière significative le pancréas qui est plus souvent et plus longtemps stimulé, ce qui a pour effet d’augmenter la fabrication de graisse abdominale à partir des sucres qui sont mal utilisés.

 

  • La graisse abdominale sous-cutanée :

La graisse se développe cette fois directement sous la peau et sur le devant de l’abdomen : c’est plutôt la graisse du stress. Le ventre est pointu, gonflé du creux de l’estomac au pubis. On sent très nettement cette graisse en pinçant le ventre entre le pouce et l’index.

Les gens qui grossissent ainsi se sentent gonflés en permanence, mais plus encore au moment des stress et en fin de journée, et ont des fringales dans la journée ou des coups de pompes. Cette graisse est due au dysfonctionnement des glandes surrénales qui, sous l’effet du stress, sécrètent trop de cortisol, d’adrénaline et d’aldostérone, ce qui rend la sécrétion d’insuline pancréatique très chaotique.

 

Pour ces personnes, le repos des vacances, l’allongement du temps de sommeil, la convivialité des amis ou de la famille, les activités ludiques, ont un effet nettement bénéfique sur leurs dérèglements, ce qui leur permet de ne pas grossir, voir souvent de mincir.

 

Mon conseil aux premiers, ceux qui ont grossi :

Pratiquez pendant 1 semaine à 10 jours, une diète à faible impact insulinique, dans le but de calmer votre pancréas :

  • Respectez les rythmes des repas, en mangeant matin, midi et soir, en respectant un intervalle de 5 à 6 heures entre chaque repas.
  • Éliminez drastiquement les sucres adipogènes (ceux qui stimulent le pancréas) : amidon, c’est-à-dire aliments céréaliers raffinés (à remplacer par des aliments complets) et saccharose, c’est-à-dire le sucre ordinaire sous toutes ses formes (à remplacer par du fructose ou sucre de fruit) et mangez de bons sucres (fruits et légumes).
  • Éliminez drastiquement les graisses toxiques (huile de palme et graisses trans hydrogénées présentes dans les produits alimentaires de l’industrie) et favorisez les graisses oméga-3 (huile d’olive et de colza, huile de noix, de sésame, de lin et de chanvre, noix, amandes, avocats et poissons gras, saumon, maquereau, sardine, anchois et hareng).
  • N’oubliez pas les protéines : leur présence dans chacun de vos repas améliore la réponse du pancréas.
  • Réduisez la consommation d’alcool à 1 verre de vin par repas.

 

Ces mesures d’hygiène alimentaire suffisent à la plupart pour reperdre les kilos pris pendant la période de vacances.

 

Mais lorsque la maîtrise du poids devient impossible, que les kilos des vacances résistent aux mesures de correction par l’alimentation, c’est que l’apparition ou le développement de cette graisse abdominale est révélatrice d’un trouble métabolique qu’il est alors nécessaire d’explorer, et ce d’autant plus si vous avez dans votre famille des antécédents de diabète de type 2, d’accident vasculaire, de cancer ou de maladie neuro-dégénérative.

 

Il faut en parler à votre médecin qui fera pratiquer un bilan d’exploration pour vérifier la nature de la graisse abdominale, sa localisation et son importance dans la région péri-viscérale *, les perturbations fonctionnelles associées (équilibre des familles de graisses, index oméga-3, inflammation cellulaire, importance de l’oxydation et efficacité des systèmes de réparation anti-oxydants, équilibres hormonaux, importance de la résistance à l’insuline). Il vous aidera à corriger les dysfonctionnements ainsi mis en évidence.

 

* mesure de la composition corporelle, de la masse graisseuse, de la graisse abdominale et de la graisse péri-viscérale par scanner iDexa CoreScan.

 

Docteur Didier Panizza